Au cours des derniers mois, les pratiques courantes de scolarisation ont été réduites à l’essentiel. Les portes des salles de classe sont restées fermées, les aires de jeux vides et silencieuses, les cantines dépourvues des odeurs qui marquent l’enfance de tant de personnes. Dans une tentative massive de protéger les enfants de la planète - ces êtres vulnérables qui se tiennent la main, tirent les cheveux et partagent des biscuits - les structures globales des écoles ont fait place à une anarchie de l’apprentissage régie par le temps et les capacités psychologiques des personnes qui les entourent. Alors que les effets négatifs sont nombreux et qu’un grand nombre de jeunes trouvent leur bien-être ou leur sécurité compromis, n’oublions pas les dangers inhérents à une éducation dirigée par les pouvoirs en place et leur vision du monde. Aujourd’hui, de nouvelles divisions émergent dans les pays du monde entier alors que nous tentons de déterminer quand et comment les élèves et leur enseignants devraient retourner dans les salles de classe.
Cependant, loin des programmes officiels, des groupes à travers l’histoire prônant le changement social ont reconnu la valeur d’un autre système d’apprentissage, comme Black Panther’s Oakland Community School qui a ouvert ses portes en Californie en 1973. En Afrique de l’Ouest, une autre côte ouest, les systèmes scolaires ont en grande partie été façonnés par les anciennes puissances coloniales, malgré une richesse de connaissances autochtones qui mérite d’être transmise. La chercheuse interdisciplinaire Sonia Vaz Borges a beaucoup travaillé sur les écoles Escola Piloto (écoles pilotes) et PAIGC - (Parti africain pour l’indépendance en Guinée Bissau et au Cap Vert). Ancienne colonie portugaise, cette petite nation ouest-africaine s’est battue pour son indépendance, ainsi que pour l’indépendance des îles voisines du Cap-Vert dans une guerre qui s'est perpétuée de 1963 à 1974. Ensemble, nous nous sommes plongées dans l’histoire de ces écoles et avons discuté comment, dans un monde meilleur, nous pourrions imaginer des systèmes alternatifs de scolarisation des enfants de nos communautés. Et, dans un moment de flux tel que celui dans lequel nous nous trouvons actuellement, comment la manière dont nous éduquons pourrait-elle être utilisée comme un acte de résistance civile?
Sonia est une historienne interdisciplinaire militante et une organisatrice sociale et politique de longue date. Elle est également une voyageuse enthousiaste et passionnée des langues. Née et élevée au Portugal, elle est la fille d'immigrants capverdiens au Portugal arrivés pendant la période coloniale. Elle est actuellement chercheuse à l'Université Humboldt de Berlin, travaillant sur le projet « Éducation pour tou-te-s » en se concentrant sur le Mozambique et le mouvement de libération du FRELIMO et le Nicaragua et la révolution des Sandinistas.
1min52 Black Panthers’ Oakland Community School
4min10 Luta ca caba inda project, initiated by Filipa César, Sana na N’Hada, Flora Gomes and Suleimane Biai
4min30 Condition Report 4: Stepping out of line; Art collectives and translocal parallelism, 8-10th February 2020, Dhaka Art Summit http://www.rawmaterialcompany.org/_3331
4min50 “We are going to build” in The struggle is not over yet: An archive in relation, eds F. César, N. Faria and T. Hering, Archive Books, 2018
5min24 Militant Education, Liberation Struggle, Consciousness; The PAIGC Education in Guinea Bissau 1963-1978, Sonia Vaz Borges, 2019