Durant plus de deux siècles, la revue papier a été l’espace d’expériences protéiformes. Nées dans l’urgence et souvent en contexte colonial, portées par une ambition tant critique, politique, qu’esthétique, poétique et littéraire, les revues ont perpétué une inventivité graphique et scripturale dont il faut souligner la rareté. Elles font constamment irruption dans les luttes que les femmes et les hommes ont menées pour leur émancipation. Faite à la fois de singularités formelles et de volontés politiques en direction de communautés humaines et de leurs aspirations, la revue, cet objet fragile, réalisée bien souvent dans des conditions d’adversité matérielle, sociale et politique fortes, animée par des causes nobles et l’obstination d’auteurs engagés, témoigne d’une puissance plastique rare. Il faut aujourd’hui, à l’ère du tout numérique, en restituer l’apport et mettre en perspective sa fonction formelle, critique, esthétique et politique à l’échelle mondiale.