Je propose d’emmener les participants dans un petit voyage introspectif au coeur de la cartographie expérimentale. En utilisant le qualificatif « experimental » (ou critique), nous voulons présenter une pratique très spécifique de la cartographie, qu’elle soit individuelle ou collective, utilisée non seulement par des géographes cartographes, mais encore des artistes, activistes, chercheurs, journalistes, architectes, urbanistes...
La cartographie expérimentale utilise des codes, une approche visuelle et la sémiologie de la cartographie « conventionnelle », mais son objectif est un peu différent : ça n’est pas seulement représenter le monde, mais encore mieux comprendre les relations entre les phénomènes socio-politique, tenter de déconstruire les systèmes et surtout rendre visible sur la carte ce qui est caché ou invisible pour le grand public ou la société civile. La cartographie expérimentale telle que nous la définissons est au service de la justice sociale, de la dénonciation des violations des droits humains fondamentaux comme par exemple, « trop de contrôle, de surveillance ou d’espionnage des citoyens », « toujours trop d’accaparement de richesse », et enfin « toujours trop de compromissions entre les intérêts financiers ou économiques privés et les appareils de gouvernements ».
A Propos de Philippe Rekacewicz
Philippe Rekacewicz est un géographe, cartographe et journaliste. Diplômé de géographie à l’Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), il devient collaborateur au Monde diplomatique entre 1988 et 2014. De 1996 à 2008, il dirige en parallèle le département cartographique du GRID-Arendal en Norvège, une unité délocalisée du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Il est spécialiste en géopolitique et en relations internationales. Il s’intéresse aux questions relatives à la migration, aux réfugiés, aux déplacements forcés de populations et aux frontières. Il travaille actuellement sur plusieurs projets de nature sociogéographique portant sur la création d’un espace public et privé et sur la perception et les modes de représentation des frontières. Il s’intéresse profondément aux rapports entre cartographie, art, science et politique. Il participe depuis 2006 à des projets artistiques/cartographiques dans plusieurs pays européens. Il dirige également des travaux de recherche en « cartographie expérimentale ».