Dans le cadre de Vox-ARTIS, RAW Material Company a le plaisir de vous inviter à la présentation de l'artiste visuelle Monira Al Qadiri ce vendredi 23 février 2018 à 17h30 à la Zone B, rue sans soleil, Villa N°2B
Peut-on hériter des souvenirs d’autrui ? Peut-on interpréter leur lumière, leurs senteurs, leurs humeurs comme les siens ?
La rétention des souvenirs par la mémoire commence-t-elle dès que l’on ouvre les yeux ? Peut-on ressentir de la nostalgie pour quelque chose que que l’on n’a pas vécu ni expérimenté ? Ce ne sont là que quelques questions existentielles autour de ce projet enraciné dans l'histoire de ma famille au Sénégal. Je suis née à Dakar en 1983, mais mes parents sont partis quand j'avais six mois, je découvre alors leurs souvenirs de cet endroit. La maison où ils habitaient, l'hôpital où je suis née, le bureau de mon père, l'école de ma sœur ... Il y a un air ici dont j’ai l’impression de me rappeler, même si je ne l'ai pas senti ou humé quand j'étais pleinement consciente. Le vent, la température, les arbres ; c'est comme si je l'avais vécu, expérimenté, ou ai-je imaginé des souvenirs à travers des photos et vidéos de famille, des histoires racontées encore et encore ? Mais mes yeux, ma peau et mon nez ne mentent pas. Mentiraient-ils ?
Le jardinier qui travaillait pour notre famille est toujours là, il est là depuis presque quarante ans. Mon père a été le premier à l'embaucher. Il s'occupe d'un jardin dont personne n'a besoin, une maison vide. Mais il continue néanmoins à s'assurer que les plantes et les arbres soient pris en charge. Les fleurs que mon père a plantées sont en pleine floraison, comme si elles attendaient son arrivée.
Dans cette lecture-performance, je vais raconter ces réflexions à côté d'images et de vidéos qui juxtaposent le passé et le présent, exposant le paradoxe de la mémoire comme un phénomène nuancé, imaginaire et mélancolique.
A propos de Monira Al Qadiri
Monira Al Qadiri est une artiste visuelle koweïtienne née à Dakar, Sénégal et éduquée au Japon. En 2010, elle obtient un doctorat dans l'art inter-média de l'Université des Arts de Tokyo, où ses recherches portaient sur l'esthétique de la tristesse au Moyen-Orient, issue de la poésie, de la musique, de l'art et des pratiques religieuses. Son travail explore les identités de genre non conventionnelles, les pétro-cultures et leurs futurs possibles, ainsi que les héritages de la corruption. Elle est également membre fondatrice du collectif d'artistes GCC.