Dans le cadre de Citéologies, RAW Material Company a le plaisir de vous inviter au panel intitulé Patrimoine architectural en terre au Sénégal en compagnie des architectes Annie Jouga et Amadou Doudou Dème. Cette discussion se fera sous la modération de Carole Diop le vendredi 24 mai 2019 à 18h00 @RAW Material Company sis à la Zone B, rue sans soleil Villa 2A.
Cette édition de notre programme Citéologies constituera aussi la présentation de l’ouvrage Matam, construction en terre, patrimoine intemporel publié par Jouga et Dème. Dans cet ouvrage, les auteurs font l’inventaire des maisons Cubbalo, telles que mises en relief par les travaux d’étude des étudiants du CUAD, traitent des formes et structures des maisons en terre, des performances thermiques et de la plasticité du matériau terre. Elles/Ils interrogent particulièrement sur l’importante et incontournable problématique de la construction en terre au Sénégal.
Un stand sera mis à disposition pour l’acquisition de l’ouvrage.
La construction en terre au Sénégal est une réalité.
Traditionnellement, celle-ci est utilisée depuis des siècles par les populations sédentaires pour s’abriter et vivre en communauté. De nos jours, ce type de construction se fait de plus en plus rare, remplacé par des bâtiments en ossature béton armé et remplissage en parpaings ciment.
Plusieurs questions se posent :
Est-ce le matériau terre qui n’est plus valable? Est-ce la société sénégalaise qui souhaitait s’ancrer, d’abord dans le développement, puis, de nos jours, dans l’émergence, par la construction « en dur »? Pourquoi le sénégalais ne construit plus en terre? Peut -il aujourd’hui construire en terre? Qu’est ce qui l’en empêche?...
En quelques décennies, le paysage architectural des villes sénégalaises s’est déterioré à grande vitesse. Ainsi, des villas gigantesques sur plusieurs étages prolifèrent partout sur la presqu’île du Cap Vert. S’inspirant souvent d’exemples pris sur internet, ils ne correspondent plus vraiment à l’image supposée de notre art de vivre africain. L’aménagement du territoire et l’urbanisme débridé, ne se souciant, ni de nos codes sociaux, ni de notre environnement, ni de notre mode de vie en communauté, hypothéque notre qualité de vie. Les éléments traditionnels de la concession africaine qui ont été à la base de notre existence sociale, sont le plus souvent absents.
On pourrait d’ailleurs se demander si ces éléments représentent toujours un besoin des populations urbaines ou rurales et s’il faut essayer de les sauvegarder.
Au Sénégal comme dans beaucoup de pays pauvres, la ville concentre ces ensembles urbains, souvent sans charme, destinés à prouver un « Développement ».
Les villes africaines se ressemblent toutes aujourd’hui car le modéle est réféchi sur celui de l’Occident. Il uniformise par les matériaux de construction utilisés, les matériaux de finition importés, les types de transport, les difficultés d’habiter, de se déplacer, de travailler, de vivre décemment, ainsi que par la pollution visuelle et olfactive de notre environnement.
Les projets pharaoniques et ambitieux de l’Etat, ainsi que ceux, plus modestes, des populations, se font à travers des projets « en dur » d’inspiration «moderne» et déconnecté de notre contexte. Ils ne participent pas à l’existence et à la vulgarisation des alternatives qui pourraient provenir de l’étude de notre architecture vernaculaire bioclimatique.
L’habitat sénégalais est en effet très varié du nord au sud. Par ignorance, et par manque de transmission, y compris dans les liéres du Bâtiment, nous sommes aujourd’hui incapables de faire la différence entre la case d’un Peulh, d’un Sérère, d’un Bassari, d’un Mandingue ou d’un Diola. Et donc, incapables d’en préserver les logiques ainsi que les systémes constructifs durablement.
Nous allons donc essayer d’apporter un éclairage sur l’habitat traditionnel au Sénégal.
À propos d'Annie Jouga
Née à Dakar en mai 1953 et diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris La Villette depuis 1978, Annie est Architecte associée chez J & T architectes et associés. Adjoint au maire de Gorée depuis 2002 et Conseillère élue de la Ville de Dakar depuis 2014.
Aujourd’hui, Annie est administratrice du Collège universitaire d’Architecture de Dakar (CUAD) créé en 2008 avec deux collègues architectes dans lequel elle sensibilise les étudiants au Patrimoine.
À propos de Doudou Dème
Ingénieur en génie civile, né en 1982 à Dakar. Dème est diplômé de CRATerre en 2009 d’un Master en Urbanisme, Habitat et Coopération Internationale -DSA "Architecte en terre". Amadou Doudou Dème est cofondateur de ELENMENTERRE, une entreprise spécialisée dans la production de matériaux locaux et la construction de bâtiments en terre.
À propos de Carole Diop
Carole Diop est Fondatrice et Directrice de publication de la revue Afrikadaa. Cette jeune architecte diplômée de l'ENSAPVS, exerce aujourd'hui à Dakar où elle s'est installée après ses études. Carole Diop préside l'association Afrikadaa à Dakar qui participe activement à la vie culturelle Sénégalaise notamment avec la mise en place de SN Art, des rendez-vous culturels mensuels qui permettent aux acteurs culturels de tous horizons d'échanger autour de thématiques liées au développement des industries créatives au Sénégal.
Carole a également représenté le Sénégal au Forum Mondial des Jeunes Architectes.