Avec des oeuvres de:
Dulcie Abrahams Altass
Marie Hélène Pereira
Christian Danielewitz
Dana Liljegren
Dr Iba Fall
Cette publication a fait partie des recherches de l’artiste danois Christian Danielewitz sur les dommages socio-écologiques causés par les industries mondiales de l’extraction des ressources. Lors d’une précédente résidence à RAW Material Company en juin 2018, Danielewitz a concentré ses recherches sur l’exploitation du phosphate. Ce minéral, né des réactions nucléaires dans les explosions de supernovas est, sous différentes formes, est essentiel à toute vie sur terre. Extraits à une échelle importante au Sénégal, les taux actuels d’extraction suggèrent que les ressources mondiales en phosphate seront épuisées dans un siècle maximum. Au-delà des préoccupations pour l’avenir de la ressource, nous devons aussi porter notre attention sur les gaspillages toxiques de son cycle de production.
L’acide sulfurique utilisé pour dissoudre la roche phosphatée est de plus en plus présent dans l’atmosphère des villages des zones minières, ce qui entraîne des problèmes de santé chroniques parmi les populations locales, des récoltes gâtées et une dégradation rapide des matériaux de l’environnement bâti. Le même minéral qui est extrait pour l’engrais, un dispensateur de vie, est responsable de l’affaiblissement des chaînes de nutrition au niveau local. Danielewitz expose cette ironie et son impact dans une installation qui témoigne de la dévastation subie dans le village de Gad Gomene, situé près des mines de phosphate à ciel ouvert de Taiba, au Sénégal. Le toit en zinc de l’installation, fragile et dans un état avancé d’oxydation, faisait auparavant partie de la mosquée de Gad Gomene. Il abrite un bac de terre contenant des graines d’acacia, les mêmes cultures qui échouent aujourd’hui à Taiba et qui se trouvent ici enracinées dans des engrais de cette région. La lumière qu’il leur faut est fournie par un néon, alimenté par des batteries de lithium fabriquées elles aussi à la base de phosphates. Pendant la durée de l’exposition, alors que le niveau de phosphate dans les batteries s’épuisera, la phrase Toute vie - chaque cellule vivante écrite en néon finira par clignoter et disparaître, menaçant l’évolution pérenne de l’écosystème construit dans la galerie et enveloppant l’installation dans le noir.
P04 (Blackout) comprend également une série de projections, panels et ateliers qui aborde les enjeux environnementaux au Sénégal et les solutions artistiques et civiques qui sont initiatrices de changement.