Dans le cadre de l'avant-première de All That We Are is What We Hold in Our Outstretched Hands, l'artiste Tuan Andrew Nguyen discutera avec Camara Taylor, artiste basé à Glasgow, ainsi qu'avec Dulcie Abrahams Altass, co-commissaire du projet dans le cadre de Raw Material Company, un centre pour l'art, la connaissance et la société à Dakar.
Elles réfléchiront aux temps et aux tensions en relation avec le conditionnel passé de "what could have been" de Lisa Lowe, ainsi qu'à sa relation avec les grammaires féministes noires de Tina Campt du conditionnel réel futur "that will have had to have happened". Ils discuteront de The Specter of Ancestors Becoming, de sa création, du travail de construction de communautés au-delà des frontières et des séquelles, non seulement de l'Histoire, de la guerre et du colonialisme, mais aussi de ces séquelles qui parlent d'amour, de mort, de survie et de diaspora.
Intervenants
L'œuvre de Tuan Andrew Nguyen explore le pouvoir de la narration à travers la vidéo et la sculpture. Ses projets sont basés sur des recherches approfondies et sur l'engagement communautaire, puisant dans les histoires héritées et la contre-mémoire. Nguyen extrait et retravaille les histoires et les surnaturalismes dominants, souvent coloniaux, pour en faire des vignettes imaginatives. Les faits et la fiction s'entremêlent dans des récits poétiques qui traversent le temps et l'espace. The Specter of Ancestors Becoming, 2019, le film central de cette exposition, est une installation vidéo à quatre canaux qui envisage les souvenirs et les désirs des descendants des tirailleurs sénégalais, des soldats coloniaux ouest-africains qui faisaient partie des forces françaises envoyées pour combattre les soulèvements de libération vietnamiens dans les années 1940. Après la défaite française à Dien Bien Phu, des centaines de femmes vietnamiennes ont émigré en Afrique avec leurs enfants et leurs maris sénégalais qui avaient été stationnés en Indochine. D'autres soldats ont laissé leurs épouses vietnamiennes derrière eux et n'ont pris que leurs enfants, les élevant parfois sans connaître leurs origines. Nguyen a collaboré avec des membres de la communauté vietnamienne du Sénégal pour écrire et mettre en scène des conversations imaginaires avec ou entre leurs parents ou grands-parents, qui mettent en évidence les nuances des stratégies de remémoration. En tant que narrateurs et acteurs, les voix de ces descendants incarnent une conscience historique qui remet en question la compréhension des sociétés en voie de décolonisation.
Dulcie Abrahams Altass est une commissaire et historienne de l'art britannique actuellement basée à New York. Travaillant dans les domaines de l'art, du bien-être et du changement social, elle étudie pour un master d'éducation en conseil en santé mentale au Hunter College (CUNY). De 2016 à 2022, Dulcie a fait partie de l'équipe curatoriale de RAW Material Company à Dakar (Sénégal) où elle a co-développé de nombreuses expositions, programmes publics et publications. Parmi les projets discursifs notables avec RAW Material Company, citons Kan jaa ta ; De l'ombre à la lumière (Bamako Encounters Photography Biennale, 2019), Condition Report 4 : Stepping out of line ; Art collectives and translocal parallelism (Dhaka Art Summit, 2020) le programme public de l'exposition Sex Ecologies (Kunsthall Trondheim, 2021) et plus récemment RAW Académie 9 : Infrastructure en collaboration avec ICA Philadelphia et Linda Goode Bryant. Son travail au Sénégal, qui s'étend sur près d'une décennie, comprend des recherches sur divers sujets allant de l'histoire de l'art performance du pays au lien entre le hip hop et l'art contemporain dans le pays, et ses écrits ont été publiés dans SUNU Journal, Art Basel Stories, Making & Breaking, ESPERANTO et Obieg. Dulcie a également été membre du collectif d'artistes dakarois Les Petites Pierres, et est bénévole au Project EATS à New York.
Camara Taylor est un artiste et - - - basé à Glasgow. Ils ont tendance à créer des images fixes et mobiles, des textes, des installations, des événements et des programmes discursifs qui agissent comme des moments de stase au milieu de recherches tentaculaires. Les thèmes récurrents dans leur pratique sont : l'ambivalence, l'objection à basse fréquence, les méthodologies folles, l'ontocinétique, les relations spatiales, la rumeur océanique, la construction de terres/paysages, et un jeu avec des images/objets/événements/échos situés au milieu de la vie noire en Écosse et ailleurs. Parmi ses projets récents, citons backwash, Collective Gallery, Édimbourg (2022) ; a rant ! a reel !, Cubitt Gallery, Londres ; holus-bolus, 17e Festival d'art d'Édimbourg ; IMG_5917, avec Sulaïman Majali, Artists' Moving Image Festival et suspiration ! commandé par The Newbridge Project, Gateshead, et lauréat du prix du nouveau cinéma du Berwick Film & Media Arts Festival en 2021. Camara a effectué des résidences à Cove Park (2021), Market Gallery, Glasgow (2020), The National Theatre of Scotland, Glasgow (2019) et Fresh Milk, St George (2015). Ils ont participé à des programmes tels que Satellites (Collective Gallery, 2020-2022) ; Curatorial Directions (MAC Belfast, 2019) et Constellations (UP Projects/ FTHo, 2017-18). Camara a été membre du comité de la Transmission Gallery de 2016 à 2018 et coordinateur de programme de la série Race, Rights & Sovereignty à la Glasgow School of Art de 2017 à 2021. Actuellement, ils sont membres de Collective Text.