A travers sa pratique pluridisciplinaire, Zohra Opoku traite des questions complexes de l’appartenance et du retour pour les identités afro diasporiques, elle-même issue de multiples trajectoires, faites de déplacements. A la manière d’un puzzle, elle recompose son histoire personnelle, entrelaçant des morceaux de tissus traditionnels avec des archives familiales collectées et gravées ou sérigraphiées sur toile.
Toute en poésie, la série “Unraveled Threads” s’expose, entre suspension et flottement, comme une métaphore de cette nostalgie de l’entre-deux auquel sont vouées les personnes aux héritages multiples dans leur processus de nidification. Entre les images floues et les souvenirs reconstitués pour combler les bribes d’histoire manquante, Zohra tente de démêler les liens d'ascendance qui la mène aux lieux qui font partie de son héritage et de dénouer les effets résiduels des traumatismes et déplacements. Elle invoque les ancêtres en tissant un dialogue entre le passé et le présent pour régénérer ses racines.
Son expérience personnelle questionne, de façon plus universelle, les sentiments d’acceptation et d’altérité, le phénomène d’identification cognitive et les responsabilités sociétales qui en découlent. Jamais tout à fait d’ici, ni tout à fait d’ailleurs, elle crée des espaces neutres et intimes où chacun peut se retrouver, comme des refuges pour appréhender notre attachement et nos liens envers un monde souvent trop hostile. Ils rappellent l’importance de retisser les fils pour transcender les limites du soi et nourrissent l’espoir qu’il y aura toujours une place pour chacun.
Née en 1976 à Altdöbern, dans l'ancienne Allemagne de l'Est, Zohra Opoku vit et travaille à Accra, au Ghana.
Cette exposition est réalisée grâce à la contribution de Mariane Ibrahim (Chicago, Paris, Mexico).