RAW Material Company a le plaisir de vous inviter au vox-ARTIS* de l’artiste, cinéaste et programmatrice de films Janilda Bartolomeu moderé par Massamba Mbaye à la Zone B, rue sans soleil, Villa 2A à 17h le 12 mars 2025 accompagné par un ndogou pour la rupture du jeûne.
« La Douzième île : Tandis que nous nous soumettons aux marées » est une enquête à long terme sur les histoires non documentées des trajectoires migratoires des communautés cap-verdiennes. Le projet est une réflexion sur le riche esprit migratoire historique de sa diaspora. Il cherche à percevoir les spectres de la communauté dans le passé et le présent, à retracer leurs mouvements et à activer le development de leurs futures et trajectoires. Le projet en plusieurs étapes, mené par Janilda Bartolomeu, Raw Material Company et le Nieuwe Instituut, agit comme une correspondance entre nos deux villes. Un Dakar - Rotterdam - Dakar.
Techniquement, l'une des méthodes habituelles de Janilda consiste à créer ses propres archives opaques, en se rendant dans la communauté dotée d'une petite caméra et/ou d'un enregistreur audio pour rassembler ses propres réflexions ainsi que celles partagées par la communauté elle-même. Elle expérimente actuellement les archives personnelles que les membres de la famille lui offrent sous la forme de séquences vidéo, de photographies, d'enregistrements et d'autres documents. Enfin, elle vise également à entrelacer son dernier travail avec des traces d'archives institutionnelles - pour voir ce que ces relations peuvent apporter. Le matériel et l'immatériel seront tissés et re-tissés de différentes manières afin que les spectres de La Douzième Île puissent se manifester à travers diverses techniques imaginatives (superpositions, brèches spatio-temporelles, fracturation image-son) plutôt que de créer des archives transparentes et passives. Il s'agira d'un film numérique comme moyen d'incarner l'agence et l'esprit migratoire de la communauté capverdienne dans le sujet, le processus et le résultat. Cet objectif nous permettra de percevoir les spectres sous la forme d'êtres humains, de souvenirs et de silences historiques, de les matérialiser et d'occuper à nouveau l'espace urbain, ainsi que de permettre à la communauté de façonner son imaginaire sur l'avenir.
Au cours de sa résidence, Janilda Bartolomeu a rencontré des figures emblématiques de la communauté cap-verdienne qui jouent un rôle essentiel dans la préservation de la culture, du patrimoine et des traditions de la terre mère. Grâce à ses rencontres avec les histoires des activistes et des organisateurs, de la musique et de la poésie à l'histoire, fonctionnant comme un écosystème, elle a pu apprécier la complexité à plusieurs niveaux de l'existence de la communauté cap-verdienne-sénégalaise sur le territoire. Daniel Gomes, organisateur communautaire et figure de la musique, partage sa connaissance approfondie de l'histoire de la colonie après le voyage clandestin, ainsi que de l'évolution du son et de la musique, faisant de Dakar un point de passage. Une balade sur le Plateau permet de découvrir de nombreuses rues habitées par des familles et leurs établissements (coiffeurs, restaurants) ou des sites construites par la main-d'œuvre capverdienne, comme le port, pour finir sur les marches de la cathédrale Notre-Dame-des-Victoires. Mix Teixeira, gardien et initiateur de la célébration de la musique capverdienne au et de la célébration de San Jon à Dakar, partage son devoir de documentation et d'éducation en tant que connecteur à la source de leurs origines à travers le journalisme. Les femmes de la troupe Strela Cadenti (Étoiles filantes) incarnent l'essence de leur nom, embrassant leur culture de Batukadeiras, un hybride de musique (lyrisme éducatif et multi rythmique) et de danse comme vaisseau de guérison et de réconfort. Quant à Marie Alice Awadi-Sanon, éminente enseignante dans le système éducatif dans les années 80 et passionnée de la poésie et de la langue, nous parle de son enfance à Dakar, de la diversité des groupes sociaux qu'elle a intégrée et de la famille qu'elle a fondée depuis son mariage avec un Béninois. Tout en poursuivant sa quête, Janilda se rapproche de Clarence Thomas Delgado (cinéaste) et de Luc Da Silva(conservateur de l'héritage visuel de son père et de la documentation sur les nombreuses communautés installées à Dakar). Ils partagent leurs souvenirs d'enfance liés au fait de voir leurs aînés vivre la notion de saudade et celle-ci devenir un véhicule pour s'ancrer dans le contexte à travers la religion, la spiritualité et les traditions, mais aussi comme un moyen de transmission tout en créant une vie meilleure tout en étant un tissu important de la construction sociale sénégalaise. Lili Lopes (directrice artistique) et Anne Laure Moreira-Mbaye(architecte), venant d'une perspective toute neuve, partagent ces sentiments de désir de retour aux sources et/ou de porter la fierté de leur identité, de leur héritage, de leur pratique et de leur tradition comme un lien récurrent.
“La douzième île : Tandis que nous nous soumettons aux marées” par Janilda Bartolomeu et RAW Material Company bénéficie du soutien du Fonds pour les industries créatives des Pays-Bas (Creative Industries Fund NL) dans le cadre du programme de subvention 2024 pour l'internationalisation du secteur du design (Internationalization of the Design Sector Grant Scheme 2024). Ce programme, qui s'articule entre Dakar et les Pays-Bas, se fait en collaboration avec le Nieuwe Instituut.